Économie circulaire & grandes compétitions 

Quand les compétitions sportives se mettent au vert

A l’heure où les grandes compétitions sportives font de plus en plus débat concernant leur impact environnemental - de nombreuses polémiques ont entouré l’organisation des Jeux olympiques d’hiver à Pékin, la coupe du monde de football au Qatar et des jeux asiatiques d’hiver en Arabie Saoudite - , la France s’apprête à accueillir 3 évènements d’ampleur planétaire dans les semaines et mois à venir : le Tour de France 2023, la Coupe du monde de rugby 2023 et les Jeux Olympiques de Paris 2024. 

Ces 3 grandes compétitions seront scrutées de près quant à leur bilan carbone. Toute la planète regardera dans leur direction. Les organisateurs du Tour de France 2023 (dans une moindre mesure puisque l’évènement a lieu tous les ans), la Coupe du monde de rugby 2023  et de Paris 2024 en sont bien conscients. C’est pourquoi ils ont adopté toute une série de mesures pour alléger leur empreinte carbone. Et notamment concernant l’économie circulaire. Leurs organisateurs essaieront donc de relever le défi suivant : améliorer l’efficacité et la durée de vie des ressources utilisées et diminuer l’impact vis-à-vis de l’environnement tout en permettant le bien-être des spectateurs et sans que cela n’entache la qualité de la compétition.

Vous avez dit économie circulaire ?

Qu’est-ce que l’économie circulaire ? C’est une économie où rien ne se perd et tout se transforme. Cette définition faisant référence à la fameuse formule du chimiste français Antoine Lavoisier : “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Autrement dit, les déchets des uns deviendraient les matières premières des autres.

Plus précisément, l’économie circulaire est un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en permettant le bien-être des individus.

En somme, l’économie circulaire vise à changer de modèle par rapport à l’économie dite linéaire, en limitant le gaspillage des ressources et l’impact environnemental, tout en augmentant l’efficacité à tous les stades de vie des produits : conception, production, consommation, fin de vie.

Notre économie actuelle est encore majoritairement linéaire. L'économie linéaire est un type d'économie plutôt de mauvaise qualité qui repose sur un modèle dit « en file indienne  » et qui date de l’époque de l’industrialisation. Elle suit le schéma suivant : extraction de matières > fabrication de produits > Consommation de ces produits > Élimination

A contrario, dans une économie circulaire, les déchets deviennent des ressources. Chaque chose est une nourriture saine pour autre chose, donc rien ne va à la décharge !

D’une manière plus détaillée, l’économie circulaire repose sur 3 domaines : l’offre des acteurs économiques, la demande et le comportement des consommateurs, et enfin la gestion des déchets. C’est ce dernier domaine qui nous concerne tout particulièrement aux Carrioles vertes, où nous valorisons nos biodéchets alimentaires en compost sur notre terrain de Lahonce. Laquelle valorisation des biodéchets est un exemple parfait d’économie circulaire. 

Comme on peut le voir sur le schéma "fait maison" ci-dessus, l’épluchure est placée dans un bioseau. Le contenu du bioseau est versé dans un composteur. Lequel composteur sera le théâtre de la fabrication du compost. Et enfin, le compost servira à enrichir les sols pour les cultures suivantes ! C’est une boucle de la terre à l’assiette et de l’assiette à la terre !

L’économie circulaire n’est certes pas encore très présente dans notre société à l’heure actuelle, mais elle commence à faire son petit bonhomme de chemin ! Même les grandes compétitions sportives s’y mettent. Et pas n’importe lesquelles ! En effet, nous avons mené notre petite enquête sur 3 compétitions qui vont avoir lieu dans les semaines ou mois à venir sur le territoire français : le Tour de France 2023, la Coupe du monde de Rugby 2023 et les Jeux Olympiques de Paris 2024. Ces 3 évènements, certes polluants, entreprennent des démarches en faveur de l’environnement que l’on se doit de souligner.

Tour de France 2023 : une mobilité de plus en plus douce

Du 1er au 23 juillet prochain se tiendra la 110e édition du Tour de France. La compétition reine du cyclisme s’élancera de Bilbao pour rester 3 jours au Pays basque espagnol avant de rejoindre le Pays basque français et d’arriver à Bayonne le 3 juillet en fin d’après-midi ! 

Revenons au sujet du jour si vous le voulez bien. La Grande Boucle se met à l’économie circulaire. Ça sonne bien non ? En effet, le Tour de France a mis en place toute une série de mesures dites “vertes” pour limiter l’empreinte carbone de la 3e compétition sportive la plus suivie au monde : 

 - Ses organisateurs ont par exemple lancé une campagne sur le covoiturage, avec StadiumGO, une application pour smartphones, pour inciter les spectateurs à se déplacer à plusieurs. Le covoiturage s’inscrit parfaitement dans la définition d’économie circulaire citée plus haut,  puisqu’il vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources (ici les voitures)  et à diminuer l’impact sur l’environnement (ici les émissions de CO2 émises par les voitures)  tout en permettant le bien-être des individus.

 - Ils ont également travaillé avec les régions sur des offres spécifiques aux TER. Par exemple, en région Auvergne-Rhône-Alpes où il y aura 10 étapes, les spectateurs auront 40% de réduction pour des groupes de 2 à 5 personnes, et la gratuité pour les enfants de moins de 12 ans. 

 - Enfin, avec leur partenaire AG2R La Mondiale, le Tour propose des parkings à vélo sur chaque étape, au plus proche du départ ou de l’arrivée. Le grand public pourra ainsi réserver sa place, en amont du Tour. 

Avec ces 3 actions, l’organisation du Tour de France essaie d’encourager la mobilité verte. Histoire de bien faire passer le message, les coureurs ont été mobilisés dans le cadre d’un petit clip dans le but de convaincre le grand public à se déplacer de la manière la plus douce possible.

France 2023 : des médailles éco-responsables

La dixième édition de la coupe du monde de rugby, qui se tiendra du 8 septembre au 28 octobre prochain, permettra, nous l’espérons, à Antoine Dupont et ses coéquipiers de décrocher leur premier titre mondial, après la cruelle défaite en finale face aux All Blacks en 2011. Nous n’en sommes pas encore là !

En attendant, France 2023 a pris quatre engagements forts quant à son organisation :

 - agir pour une économie durable et circulaire ; 
 - s’engager pour l’éducation, la formation et l’emploi ; 
 - réduire l’impact sur l’environnement ; 
 - soutenir l’inclusion et l’accessibilité.

En ce qui concerne l’économie circulaire évoquée plus haut, plusieurs démarches ont d’ores et déjà été entreprises. En voici une en particulier qui dénote quant à son ingéniosité et son originalité. 

A 100 jours du match d’ouverture entre le XV de France et les All Blacks (équipe de Nouvelle-Zélande), les médailles de la coupe du monde ont été officiellement révélées à la Monnaie de Paris. Cependant, bien qu’ordinaires en apparence, ces médailles ont une particularité très étonnante. En effet, grâce à Orange, sponsor officiel de l’évènement, plus de 200 000 téléphones ont pu être collectés et recyclés pour permettre leur confection ! Oui vous avez bien entendu, des téléphones comme ressources pour créer des médailles. En voilà un bel exemple d’économie circulaire ! Néanmoins, ces médailles ne permettront pas de fabriquer des téléphones. On ne peut pas tout avoir non plus.

Quel a été le processus de fabrication ? 

 - Tout d’abord, dans le cadre de son programme d’encouragement à la reprise et à l’achat de téléphones reconditionnés, le groupe Orange s’est engagé à organiser une collecte de téléphones usagés des apprentis Campus 2023 (Centre de formation des apprentis qui accompagne la nouvelle génération des professionnels du sport, du tourisme, et de la sécurité événementielle), des clubs affiliés FFR, des entreprises partenaires ainsi que dans ses magasins partout en France. 

 - Une fois la collecte effective, les téléphones ont été envoyés aux Ateliers du Bocage pour un tri minutieux. Les appareils en bon état ont été réparés et reconditionnés alors que les autres ont été recyclés et acheminés dans un centre spécialisé en déchets électroniques pour l’extraction des métaux. La matière première a ensuite été préparée par une entreprise spécialisée dans la production de produits semi-finis et finis en alliages techniques. 

 - En étroite collaboration avec les équipes de France 2023, toutes les médailles ont ensuite été dessinées, gravées et frappées dans l’atelier parisien de la Monnaie de Paris.

Quelques chiffres-clés : 
 - 1491 médailles (finalistes & participation)
 - 206 000 téléphones collectés
 - 2953 kilos de métaux récupérés dans les 31 tonnes de téléphones collectés
 - 138 téléphones pour façonner une médaille
 - 220 clubs et entités participantes

Paris 2024 : le choix de la sobriété

Cent ans après, Paris s’apprête à accueillir la plus belle des compétitions pour la 2e fois ! Le défi est gigantesque pour la capitale française dans la mesure où elle devra organiser cet événement tout en diminuant son impact sur l’environnement. Ce qui n’est pas chose aisée, en témoignent les jeux olympiques de Pékin en 2008 et de Rio en 2016 qui ont été désastreux d’un point de vue environnemental. Paris 2024 doit donc redorer l’image des Jeux Olympiques sur le plan environnemental : “La prise en compte des enjeux climatiques et environnementaux bien en amont de l’événement, marque une rupture dans l’histoire des Jeux”, explique le comité d’organisation de Paris 2024. 

En tablant sur 95% de sites déjà existants ou temporaires, Paris 2024 a fait le choix de la sobriété. Construire moins, c’est diminuer considérablement l’empreinte carbone et permettre de célébrer et d’admirer toute la richesse architecturale française, en utilisant les plus beaux monuments parisiens comme théâtre des sports (Grand Palais, Esplanade des Invalides, Place de la Concorde, Tour Eiffel, Château de Versailles). 

Une réelle problématique relative aux JO est l’avenir des structures. On le sait, certaines (stades, village olympique, hôtels pour les spectateurs …)  sont utiles 2 semaines - le temps de la compétition - puis deviennent un réel problème quant à leur réutilisation. Des pans entiers des installations de Rio 2016 ont d’ailleurs été laissés à l’abandon. Le comité d’organisation le sait, il ne doit pas faire la même erreur que la plupart de ces prédécesseurs. Ainsi, afin d’anticiper cet enjeu de dissolution, en particulier pour les achats de fournitures, Paris 2024 se pose systématiquement la question de ce qu’il adviendra, une fois les Jeux livrés : restitués, réemployés, revendus, donnés, transmis, transformés… La première application de cette démarche se concrétise dans Pulse (siège de Paris 2024), nouveau cœur battant de Paris 2024 où dès l’emménagement, Paris 2024 et ses prestataires ont anticipé la seconde vie des mobiliers et équipements, eux-mêmes pour la plupart déjà éco-conçus.

Enfin, pour réduire de moitié les émissions liées à l’organisation, Paris 2024 mise sur 3 piliers : la sobriété (évoquée précédemment), l’efficacité et l’innovation. A tous les niveaux, Paris 2024 cherche, teste et développe des solutions innovantes pour livrer des Jeux responsables, en lien avec tous les acteurs : énergie 100% renouvelable pendant les Jeux, économie circulaire, alimentation durable, numérique responsable, mobilité propre pour la flotte olympique, transports en commun et moyens de mobilité douce pour les spectateurs, préservation de la biodiversité, gestion de l’eau… Une multitude d’actions pour que ces Jeux soient le plus neutre d’un point de vue environnemental. Mais rassurez-vous, ces Jeux seront loin d’être neutres d’un point de vue sportif ! Un vrai feu d’artifice en perspective !

Vous l'aurez compris, l'économie circulaire est au cœur de l'équation dans l'organisation de ces grands évènements sportifs. Que ce soit le Tour de France, la Coupe du monde de rugby ou les Jeux Olympiques, aucune compétition sportive, aussi ancienne soit-elle ne peut faire l'impasse sur la diminution de son impact environnemental. Qui dit impact environnemental, dit bien entendu lutte contre le changement climatique. Cette dernière est très certainement le défi du XXIe siècle. De ce fait nous devons nous entraider pour pouvoir espérer l'emporter (comme nous le faisons à notre humble échelle aux Carrioles vertes). Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ...

Sources :

dechets_chiffres_cles_edition_2020_010692.pdf
(972) L’économie circulaire : objectif "zéro déchet" - YouTube
(972) Economie circulaire : définition & exemples | Ecologie Environnement - YouTube
Tour de France (2/2) - Karine Bozzacchi : "Nous allons dans le bon sens" – Ecolosport
En 2023, une Coupe du monde éco responsable - rugbyrama.fr
France 2023 : une Coupe du Monde de Rugby à impact positif | Coupe du Monde de Rugby (rugbyworldcup.com)
France 2023 s'engage sur les questions sociétales et environnementales (lefigaro.fr)
Avec Orange et la Monnaie de Paris, des médailles responsables pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 ｜ Rugby World Cup 2023
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